La Tunisie célèbre aujourd’hui le 68e anniversaire de l’indépendance. Mais, il n’y aura ni fanfare, ni tambours, ni défilé militaire pour célébrer une occasion traduisant la résistance du peuple tunisien au colonialisme français, les sacrifices consentis pour la libération et l’édification de l’Etat national. Et pour cause, depuis le 25 juillet 2021, le pays est engagé dans une lutte de libération nationale pour reconquérir les attributs perdus de sa souveraineté. Une lutte engagée contre tous ceux qui ont fait mal au pays. Contre les pressions étrangères. Contre les bras financiers de Bretton Wood.
Le colonialisme fut une erreur française. Evidemment qu’il y a eu des exactions épouvantables au Cap Bon, à Bizerte et ailleurs. Mais c’est une histoire qui n’est pas en blanc et noir, c’est une histoire de libération, d’une indépendance. En effet, depuis 1956 jusqu’à aujourd’hui, il y a eu du chemin. Car notre pays est d’une indépendance farouche que personne ne lui conteste et personne en France ne souhaite autre chose que le succès de cette Tunisie selon les choix qui sont les siens. Notre relation est totalement équitable. Elle est désormais une relation d’égal à égal. Notre relation diplomatique est beaucoup plus forte qu’elle ne l’était pendant les dernières décennies parce qu’elle est construite sur un nouveau socle de valeurs nouvelles et partagées. C’est une relation entre deux démocraties qui discutent ensemble. Et s’il y a encore en France des voix dissonantes qui ne croient pas encore que la Tunisie d’aujourd’hui n’est pas celle d’avant 1956, elles devraient se frotter les yeux pour comprendre que quelque chose a changé dans notre pays et dans la bonne direction.
C’est que depuis le 25 juillet 2021, une nouvelle lueur d’espoir est apparue pour les Tunisiens qui ont enduré pendant toute une décennie souffrance et désespérance. C’est que soixante-huit ans après, la jeunesse tunisienne n’a pas besoin uniquement de penser à l’indépendance, elle pense plutôt à sa liberté de faire, d’entreprendre, de rêver, de construire…
Certes, les attentes des citoyens sont beaucoup plus grandes que le rythme des changements qui s’opèrent dans le pays ; et pour être franc, l’année 2024 sera encore une année de patience et d’endurance tellement le legs est lourd et la mainmise des lobbies politiques et financiers est inextricable.
Cela dit, nous sommes sûrs que rien ne sera comme avant et que nous sommes sur la voie d’une nouvelle justice et équité où la redevabilité mettra fin à l’impunité de ceux qui ont saigné à blanc le Trésor public, spolié les biens du pays et amassé des fortunes non pas à la sueur de leur front mais à travers la fraude, le conflit d’intérêts et la contrebande. Des têtes, autrefois intouchables, commencent à tomber. Sur le plan socioéconomique, l’on continuera certes à souffrir mais on finira par récolter les fruits des nouvelles mesures envisagées pour rétablir une justice sociale et réduire les disparités régionales. Sur le plan politique, le rythme sera plus poussé puisqu’un agenda a d’ores et déjà été établi pour que la démocratie soit conforme aux aspirations du peuple, seul détenteur de la souveraineté et son rempart contre toutes les dérives connues par le passé. On devra, certes, prêter oreille à ceux qui sont contre, tant qu’ils le font dans le cadre de la liberté et du respect des lois. Car il n’y a pas deux peuples en Tunisie qu’on essaye de dresser l’un contre l’autre. Notre combat est le même tant qu’on aspire à des lendemains meilleurs. Nous devons placer l’intérêt du pays au-dessus des calculs politiques et partisans ainsi que celui de ceux qui préparent un autre agenda géostratégique – où notre pays n’y sera qu’un simple instrument – pour parvenir à leurs desseins et pas à ce que souhaite le peuple. Soixante-huit ans après l’indépendance, les Tunisiens semblent déterminés à conjurer ces peurs qui paralysent le pays et tous les moteurs de croissance sur une base d’inclusion, de travail en vue d’ouvrir de nouveau les lucarnes de l’espoir pour fonder un avenir meilleur pour la Tunisie.